3 déclinaisons, 3 histoires, 3 tranches de vies, une seule idée. La BD de Pierre Maurel raconte avec beaucoup de subtilité la transformation plus ou moins rapide du mode de vie de trois personnages: un chômeur, une jeune fille cumulant des CDD et un couple qui a du mal à joindre les deux bouts à la fin du mois. Sans avoir de relations entre eux, les destinées de ces personnages seront amenées à se croiser, sans jamais intervenir directement, un peu à la manière des films de Paul Thomas Anderson et d'Alejandro Gonzales Innaritu. Profondément sociale et dénonciatrice, la richesse de cette BD tient à la forme de son discours, qui montre, démontre, juge parfois mais n'est jamais moralisateur.
La première histoire est la plus onirique; un chômeur est victime de visions, des plantes, des feuilles, des branches, une végétation luxuriante et désordonnée (et non pas des arbres bien droits et définis) envahissent son espace sans raison apparente, et ce n'est pas ses séances chez le psy qui le soigne de ses délires. L'explication paraît simple, mais mettra du temps à apparaître chez le personnage: le retour à la nature, l'échappée d'une vie urbaine ennuyeuse, injuste (le personnage est radié de l'ancienne
ANPE). Les visions devenant de plus en plus fortes, à la limite de la folie violente et furieuse même si simplement fantasmée (à l'image de la couverture), le personnage finira par vendre toute ses affaires, prendre son sac et partir....dans un horizon feuillu.

belles cases montrant les manifestants et les CRS, deux mêmes masses centrées dans l'espace cerclé de blanc, opposées et pourtant semblables). Elle part pour la manifestation, euphorisée par cette révolte de jeunes, de sa jeunesse ("il ne va rien m'arriver de mal"), continuant une lutte dont on connaît pourtant l'issue, tandis que son ami quitte le pays pour éviter les poursuite de la police.
La troisième et dernière histoire est la plus courte, une sorte d'épilogue: cette fois, il s'agit d'un couple, elle, travaille dans la même librairie que la jeune fille de la deuxième histoire (qu'elle remplace d'ailleurs) et lui est chômeur. La fille est elle aussi victime de l'imbécillité de la patronne, lui subit, comme le personnage de la première histoire, l'incapacité de l'ANPE. Ils décident de tout quitter, prennent la route dans une camionnette, avec pourtant une dernière incertitude quant à leur destination.
Une même idée, une seule dénonciation, racontées de trois façons, pas si différentes que ça, qui se complètent indirectement... 3 déclinaisons du mal être urbain, de la révolte intérieure, avec la même solution: plus jamais ça.
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